De par sa notoriété et son refus des compromissions, Noir Désir a rapidement véhiculé des valeurs d’intransigeance, de défense des opprimés et de dénonciation de toute forme d’extrémisme.
Dès le début, lors de ses négociations avec Barclay, leur maison de disque, leur premier contrat a été âprement négocié avec la volonté bien affirmée de ne pas se faire imposer des conditions qui ne leur ressemblaient pas. C’était à prendre ou à laisser.
Leur premier succès, qui a débouché sur la fréquentation inévitable des micros et caméras, a abouti très vite aux mêmes genres de crispations. Ainsi, Noir Désir a clairement affirmé son refus de se livrer à des interviews télévisées et à jouer des morceaux en play back aux heures de grande écoute.
Ce refus obstiné de la médiatisation et du pouvoir omniprésent de l’image est resté une constante tout au long de l’histoire de Noir Désir : ils n’ont eu de cesse de lutter contre la récupération commerciale de leur musique ou de leur image. En effet, à leurs yeux, leur place incontournable sur la scène musicale française ne sert d’autres causes que celles de porter la voix d’une jeunesse révoltée, en lutte contre une société corrompue par l’égoïsme et le besoin irrépressif d’entasser du capital sans jamais ressentir le besoin de le redistribuer.
Leur engagement commence en 1997, lorsqu’ils participent à un premier concert de soutien le 4 octobre à Vitrolles, mairie détenue alors par l’extrême-droite, pour dénoncer, en compagnie d’autres artistes, la fermeture d’un café -musique, le Sous-Marin, dont les subventions ont été supprimées par la municipalité.
Ce sera le début de prises de position multiples et manifestes contre la montée de l’extrême droite qui gangrène la société française de l’intérieur.
Dans la foulée, la même année, ils participent à un concert organisé en soutien aux Indiens du Chiapas au Zénith le 27 novembre intitulé « Viva Zapata » . Deux ans plus tard, ils donnent de leur voix lors d’un concert collectif baptisé » Liberté de circulation « , dans le but de soutenir le GISTI, une organisation venant en aide aux sans-papiers, événement qui qui donnera aussi lieu à la parution d’un album.
En 2002, ils font une apparition remarquée à la remise de leur Victoire de la Musique en tant que meilleur groupe, où saisissant cette rare occasion d’apparition télévisuelle pour remercier leur équipe et leurs proches, ils en profitent pour fustiger le PDG d’Universal, Jean-Marie Messier, dont ils dénoncent l’appât du gain et ce au détriment des artistes.
Ces prises de position se cristallisent autour de la notion naissante d’altermondialisme, un refus de la mondialisation capitaliste, au profit d’un internationalisme solidaire, comme en atteste leur soutien à José Bové ainsi qu’à la cause palestinienne.
Quelques chansons sont emblématiques de leur engagement, comme « L’Homme pressé » et « Un jour en France », dont les paroles révèlent les excès du capitalisme, les abus perpétrés par certains pour en profiter et s’enrichir, les confusions des genres au sommet du pouvoir et la médiatisation à outrance de la société.
Le groupe exprime une vision pessimiste de la société contemporaine, et se sent investi d’un devoir de décrire le monde tel qu’il le voit, injuste et absurde, corrompu et égoïste, sans pour autant renoncer à la rage et la révolte de changer ce qui peut l’être.
Enfin, il est à noter que le groupe de rock a mis gratuitement en ligne sur leur site leurs deux dernières et ultimes chansons « Gagnants / Perdants » et une reprise du « Temps des cerises ».